Agence Presse Sénégalaise | Sénégal | 15/11/2022 |
Pattaya City (Thaïlande), 15 nov (APS) – La mise en œuvre de la stratégie de relèvement du taux de prévalence contraceptive au Sénégal doit nécessiter plus d’audace et d’innovations, estime le docteur Amadou Doukouré, directeur de la santé de la mère et de l’enfant.
M. Doucouré intervenait, mardi, au nom du ministre de la Santé et de l’Action sociale, à une table ronde ministérielle sur le financement de la planification familiale, dans le cadre de la sixième conférence internationale sur la planification familiale (CIPF). La CIPF se tient à Pattaya City, en Thaïlande.
« Nous devons être plus audacieux et il nous faut beaucoup plus d’innovations dans nos interventions », a-t-il dit.
Le directeur de la santé de la mère et de l’enfant estime que le repositionnement de la planification familiale figure en bonne place parmi les stratégies de lutte contre la mortalité maternelle et néonatale.
Il a aussi cité, parmi ces stratégies, les soins obstétricaux et néonataux d’urgence et la promotion de l’accouchement dans les structures sanitaires par un personnel qualifié.
« Nous devons être plus audacieux et il nous faut beaucoup plus d’innovations dans nos interventions », a dit Amadou Doukouré, estimant que le Sénégal est « à un tournant décisif » en matière de santé maternelle, reproductive, infantile, néonatale, de l’adolescent et de la nutrition.
« C’est aujourd’hui connu que la planification familiale est l’une des interventions disponibles et les plus efficientes pour sauver des vies et améliorer la santé de la femme, de l’enfant et de l’adolescent », a-t-il insisté.
M. Doucouré est d’avis qu' »au-delà de ces bénéfices sanitaires, l’augmentation du taux de prévalence contraceptive permettrait une meilleure capture du dividende démographique ».
La vision du Sénégal pour 2030, a-t-il ajouté, est de construire « un Sénégal émergent, où la population a accès à une gamme élargie de méthodes contraceptives modernes et à des services de santé de la reproduction abordables et accessibles, grâce à un système de santé résilient et équitable, avec la pleine participation de la communauté ».
Cette vision va se traduire, pour les cinq prochaines étapes, par des engagements politique, programmatique et financier, avec l’ambition de faire passer de 26 % en 2021 à 46 % en 2025 le taux de prévalence contraceptive chez les femmes en union, selon le directeur de la santé de la mère et de l’enfant.
Il s’agit aussi d’améliorer le cadre réglementaire en signant le décret d’application de la loi sur la santé de la reproduction portant planification familiale d’ici à 2026, a expliqué M. Doucouré devant une dizaine de ministres.
Le Sénégal compte également renforcer l’instance multisectorielle de coordination des actions liées à la planification familiale, avec l’implication « plus accrue » des autres secteurs ministériels concernés.
Le pays vise la réduction des besoins non satisfaits chez les adolescentes mariées de 15-19 ans. Il veut les réduire de 22,9 % en 2019 à 15 % en 2026, et de 19,6 % à 10 % chez les jeunes femmes de 20-24 ans au cours de la même période.
« Une évaluation approfondie »
Le ministère de la Santé et de l’Action sociale s’engage aussi à assurer la continuité des services de planification familiale en situation d’urgence et d’assurer d’ici à 2026 une augmentation annuelle de 20 % de la contribution de l’Etat, estimée à 500 millions de francs CFA en 2021, pour la porter à 1 milliard de francs CFA, a annoncé Amadou Doucouré.
L’atteinte de tels objectifs fixés justifie, selon lui, la pertinence d’un partenariat renforcé entre le ministère de la Santé et de l’Action sociale et le Fonds des Nations unies pour la population.
Un tel partenariat devrait contribuer à « une évaluation approfondie des déterminants, en particulier de l’engagement politique, des politiques gouvernementales, des politiques démographiques et des programmes et stratégies de planification familiale au niveau national et international », a-t-il expliqué.
M. Doucouré dit espérer de ce partenariat qu’il contribue « fortement à des décisions stratégiques » en la matière, à allouer des ressources et à élaborer des politiques aux retombées importantes.
Selon les statistiques de la direction de la santé de la mère et de l’enfant, le taux de prévalence contraceptive au Sénégal est passé de 12 % en 2012 à 25,5 % en 2019.
Il est fait état, dans le même temps, d’une diminution appréciable des besoins non satisfaits en planification familiale, qui sont passés de 30,1 % à 21,7 % durant la même période.
Cela correspond à près de 819.000 femmes utilisatrices d’une méthode de contraception moderne à travers le Sénégal en 2020 en termes d’impact, ce qui a permis d’éviter 328.000 grossesses à risque, 117.000 avortements à risque et 750 décès de mères.
La CIPF est une grande conférence sur la planification familiale et la santé des droits reproductifs.
Près de 3.500 participants venus de 125 pays participent à cette rencontre de quatre jours, qui se déroule en présentiel et en vidéoconférence, pour partager les innovations en matière de recherche et de méthodes de planification familiale.
Adama Diouf Ly