Produits pharmaceutiques : le Sénégal sur le chemin de la transformation de sa chaîne d’approvisionnement

Le soleil | Sénégal | 28/01/2016

Se basant sur une expérience réussie de distribution des produits contraceptifs jusqu’au niveau périphérique pour éliminer les ruptures, le Sénégal est en train d’expérimenter l’intégration des médicaments et produits essentiels. L’objectif étant de se rapprocher davantage des populations.

Au Sénégal, jusqu’en 2012, même si les produits contraceptifs étaient disponibles au niveau central, ils restaient inaccessibles à beaucoup de femmes. En attestent le taux de prévalence contraceptive estimé en ce moment à 12% et le nombre élevé de femmes qui expriment le souhait d’espacer la naissance de leurs enfants et qui n’ont accès ni aux méthodes, ni aux produits de la planification familiale. Les besoins non satisfaits étaient ainsi évalués à 30%. Il fallait alors trouver une stratégie pour que les produits contraceptifs soient disponibles et accessibles partout dans notre pays. C’est dans ce cadre que IntraHealth international a initié le projet dénommé « Informed Push Model » (IPM pour éviter les ruptures de stock de produits contraceptifs longtemps décriées même par certaines femmes qui avaient déjà adopté la contraception. Testé dans deux districts sanitaires, ce projet, financé par la Fondation Bill Gates et Merck for mothers, a permis, durant cette phase, d’augmenter la consommation des produits contraceptifs à hauteur de 38%.

C’est compte tenu de ces résultats encourageants que le ministère de la Santé a décidé d’étendre ce modèle en prenant l’engagement de couvrir tout le pays. C’est ainsi qu’entre 2013 et 2015, toutes les 14 régions du Sénégal ont été couvertes à travers 76 districts sanitaires et 1.375 points de prestation de services. Maintenant, l’objectif est d’intégrer ce projet dans le système de distribution des médicaments.

Révolution dans la distribution des médicaments

Ce qui suscite beaucoup d’intérêt de la part de beaucoup de pays et des partenaires et motive le choix du Sénégal à partager son expérience dans ce domaine dans le cadre de la quatrième Conférence internationale sur la planification familiale (Bali, Indonésie : 25-28 janvier 2016). C’était hier, lors de la session « Expansion nationale de l’Informed push model pour augmenter l’accès aux contraceptifs au Sénégal ».

« Cette conférence est une opportunité pour le Sénégal de partager les expériences que nous sommes en train de mettre en œuvre et qui, si elles aboutissent, vont être véritablement une révolution, une grande transformation de notre chaîne d’approvisionnement de médicaments, parce qu’à partir d’un modèle vertical de distribution des contraceptifs, nous avons étendu les choses et nous allons vers une intégration des médicaments et produits essentiels », déclare le Dr Annette Seck Ndiaye, directrice de la Pharmacie Nationale d’Approvisionnement (PNA). Pour cette raison, le Pr Awa Marie Coll Seck, ministre de la Santé et de l’Action sociale du Sénégal, a manifesté sa joie de constater que « la planification familiale serve de porte d’entrée pour que le système d’approvisionnement en médicaments soient amélioré au Sénégal ».

Aujourd’hui, cette volonté d’extension pour que les médicaments soient plus accessibles aux consommateurs est traduite à travers le concept « Jegesina » (je me suis rapproché en langue wolof). De l’avis de la directrice de la PNA, ce slogan est adopté pour rendre effective la transformation de la chaîne d’approvisionnement et « permettre de lever les ruptures de stocks afin que les populations puissent avoir « des médicaments en bonne quantité et au moment où elles en ont besoin ». Annette Seck Ndiaye souligne également que « la PNA, malgré ses efforts de décentralisation de son activité, était encore trop loin des populations, des points où sont distribués les médicaments. Nous étions au niveau régional. Avec « Jegesina », nous mettons en place un modèle de distribution concertée qui a plusieurs avantages ».

Ambition d’aller jusqu’au niveau le plus périphérique

Elle cite en premier le fait de se rapprocher un peu plus des points de prestation. « Nous réglons également la question du financement et des ressources, puisque nous mettons en place des médicaments dans les dépôts de districts et ces derniers n’ont pas besoin de lever des ressources financières pour acquérir ces médicaments. Nous faisons ce qu’on appelle le dépôt-vente et ce n’est qu’a posteriori que les médicaments sont payés et que les marges sont reversées au niveau du district sanitaire », explicite la directrice de la PNA. D’ailleurs, elle annonce que le concept « Jegesina »

(je me suis rapproché) devrait les amener à une autre formule : « Yeksina » (je suis arrivé). « Jegesina », c’est la moitié du chemin, car nous sommes dans le district sanitaire. Notre ambition, c’est maintenant d’aller à la périphérie, c’est-à-dire le poste de santé », relève Mme Ndiaye, précisant que l’application de ce projet, mis en œuvre au début à travers une agence d’exécution et des opérateurs privés, a montré que « la PNA était tout à fait en mesure de le faire ». Cependant, « il ne s’agit pas de se mettre en concurrence, mais de faire pour chacun ce qu’on fait le mieux et même de faire faire ». Cela veut dire, selon elle, que « la PNA pourrait faire partie de la distribution et faire faire l’autre partie par des opérateurs privés. « Toujours est-il que nous sommes tous d’accord aujourd’hui que la chaîne d’approvisionnement des médicaments doit être transformée dans le sens où elle doit pouvoir permettre de faire en sorte que tous les médicaments aillent jusqu’au poste de santé et pourquoi pas jusqu’à la case de santé », explique Annette Seck Ndiaye

 

UA-90482772-1